Ma rencontre avec la Sophrologie s'est faite en évidence. Après des études d'ingénieurs en informatique, dans le but de répondre à la demande familiale d'avoir un métier « sérieux », ma rencontre avec Maurice Béjard et Jorge Donn, son principal et prodigieux danseur, vint donner le coup de pouce tant attendu à un profond désir d'enfance qui sommeillait en moi : danser la vie – créer, inventer ! Déjà, je peignais depuis le plus jeune âge, mais assurément il me manquait le mouvement. La créativité artistique m'appelait de toute son énergie dans un corps qui ne pouvait plus retenir ses rêves en ses élans. Très vite, tout au long de mes recherches et de mon travail sur le mouvement, il m'est apparu que la relation d'aide et d'accompagnement était le fil conducteur de mes activités (le fil d'Ariane). Mes nombreuses et riches rencontres en danse (Joseph Russillo, Carolyn Carlson), en psychologie Transpersonnelle (Analyse Jungienne), en Spiritualité (Arnaud Desjardins), venaient me confirmer la voie à suivre : apporter aux autres des outils pour se découvrir dans l'authenticité d'être, de recouvrer la confiance en soi, exister en créant sa vie. Toute expérience me faisait grandir, mais il était une certitude : il me manquait une méthode, un cadre pour jalonner le cheminement de chacun, un moyen « intelligent et profondément humaniste » pour transmettre, et pour avancer moi-même toujours plus. Il me fallait compléter un puzzle intérieur : mettre en harmonie la danse et tout ce que la créativité apporte au développement personnel, et une méthodologie sérieuse et éprouvée pouvant permettre à chacun d'exister en son centre vrai, en son Etre – en quelque sorte, une méthodologie créatrice d'Unité. C'est alors qu'une amie m'a parlé de la Sophrologie caycédienne enseignée à l'Académie de Paris du Dr Patrick-André Chéné. Je fis donc le week-end d'initiation. Ce fut une révélation. Durant cette période, j'eu l'opportunité de rencontrer Raymond Abrezol lors d'un séjour dans les Alpes où il résidait chez des amis communs. Nous avons eu plusieurs partages conséquents. Là aussi il y eu l'affirmation d'une certitude : la Sophrologie m'appelait comme s'exprime l'évidence !
Tout au long de l'enseignement à l'Académie, ce que j'avais appris et intégré depuis longtemps sur la nature humaine et sur la conscience s'est mis peu à peu en ordre grâce à la transmission opérée par les professeurs, les partages avec les autres élèves, et par la présence toujours précieuse de P. A. Chéné. Pas après pas, ma transformation se faisait nettement : plus de créativité, plus de paix en moi, plus de confiance. Mes émotions, ma sensibilité, s'exprimaient de manière plus cadrées, plus fécondes. Mes expériences artistiques et analytiques, les enseignements qui m'ont été donnés au fil du temps, la direction que prenaient mes créations, tous ces vécus trouvaient une résonnance, une unité, au travers des vivances que m'offraient les techniques de la Sophrologie caycédienne. Cet enseignement s'est donc inscrit naturellement, à la fois en continuité et en complémentarité de mon cheminement personnel. Lors des séjours qui suivirent en Andorre, auprès d'Alfonso Caycédo, je vécu dans la pleine conscience ce que signifie vraiment « incarner les valeurs existentielles dans l'émergence de leurs phénomènes propres » : un état d'objectivité, une réalité transformatrice, sans la moindre intervention égotique du mental. Un cadeau de plus m'était donné par la vie ! Dès lors, le sens de cette vie était lumière. Plus de doute sur l'orientation à suivre. Chaque pas était pour moi une découverte corps-esprit. Que de ressources cachées en soi ! Si nous apprenons à le contacter, si nous l'écoutons, l'Etre qui s'exprime est un fidèle ami, surtout dans les passages de vie difficiles ; comme la conscience, ses richesses se montrent sans limite !
Il est fondamental pour moi de spécifier que, grâce à mes pratiques en Sophrologie, j'ai pu mener à bien l'un de mes plus chers projets. J'ai pu mettre en ordre les écrits d'une vie en marche dans le domaine de la relation d'aide par la créativité, et publier mon livre « La conscience verticale » - livre promis à mes deux fils depuis longtemps, et qui ne trouvait pas encore son axe. Les pratiques caycédiennes en ont révélé la nécessité et l'essence. La Sophrologie en est donc le guide à la fois subtil et bien présent. J'ai également mis au point l'approche Sophro-Mouvement associant les techniques caycédiennes aux mouvements du corps dans l'espace. Ces ateliers sont particulièrement efficaces pour les sportifs, les artistes, ou toutes personnes dont les activités demandent une grande mobilité corporelle. Ce travail est aussi grandement libérateur chez les individus « noués » dans leur corps et dans leurs visions mentales.
Je suis continûment émerveillé de constater les transformations existentielles des êtres avec lesquels je travaille en Sophrologie. Lorsque leurs pratiques sont régulières, lorsqu'ils appliquent sérieusement les protocoles de la méthode, le mouvement intérieur de la personne est manifeste. Des projets se mettent en chemin. Chez les dépressifs le goût de vivre et de faire se recouvre et se renforce. Chez d'aucuns, les objectifs professionnels sont plus cadrés. Les capacités de motivation et de confiance s'orientent vite vers des décisions objectives. Chez les personnes malades (en cancérologie notamment) l'instant présent (vertical) prend plus de valeur. Il leur apparait que ce présent porte Tout en lui, et que c'est en lui que se fait le chemin. Ainsi, même si la peine est légitimement présente, la légèreté y réside aussi, avec, bien souvent, le sourire offert. La maladie est vécue avec moins de confusion mentale. Les énergies vitales sont redynamisées à la fois dans le corps et dans l'esprit. S'il est difficile, parfois, de parler d'espoir, la confiance en la vie et en soi (la foi !), avec une revalorisation de soi, aussi ténue soit-elle, s'exprime dans l'entièreté de la personne. Les témoignages, les sourires, les élans de joie, les émergences de désirs et d'intentions pour soi et les êtres chers, en sont d'émouvants révélateurs. Et surtout, la paix, la sérénité comme un souffle, une lumière.
La Sophrologie me prouve chaque jour la force et la profondeur de ses objectifs : Etre, dans l'authenticité et l'originalité de soi. Etre en mouvement avec toutes choses. Et cela se passe ici et maintenant, en résonnance avec le devenir. Cela s'exprime, sans détours. Je peux donc affirmer que la Sophrologie est voie de sens, parce qu'elle permet de révéler au cœur de chacun le sens de vivre et d'exister qui est le sien. La route n'est jamais finie, mais par une pratique régulière (et c'est cela l'intérêt du cheminement) tout est à redécouvrir, à créer, à chaque pas que l'on fait.
Je remercie profondément Patrick-André Chéné qui, un jour, a fait appel à moi pour enseigner à l'Académie. Il m'a fait confiance et j'en suis fier et reconnaissant. C'est avec un plaisir et une joie sans cesse renouvelée que j'effectue à ses côtés, dans la rigueur nécessaire et la souplesse qui convient à toute créativité, la transmission d'Alfonso Caycédo. J'y enseigne également la Sophrologie appliquée aux sportifs (cours et séminaires de Sophro-Sport). Outre l'enrichissement personnel que cela me procure dans les rencontres et le partages avec les élèves, enseigner est aussi pour moi un moyen de rester au plus près de cette méthodologie vraie, humaine et fondatrice de valeurs – une méthodologie à redécouvrir continuellement tant elle ouvre de portes intérieures. Sur la route qui est la mienne, la Sophrologie est « transmission de vérité », et être « passeur » est une des plus belles trajectoires de vie.
Patrick Ehrhard